A la découverte de la culture Chachapoya

On fait un saut de puce de Chachapoyas à Nuevo Tingo où l’on se pose dans un joli lodge au milieu de la nature. Comme l’endroit est mignon, on décide d’y rester deux jours et nous consacrons la première journée au farniente dans le jardin et au bord de la piscine.
Pour occuper le deuxième jour nous prenons de l’altitude à l’aide de la première télécabine touristique du Pérou afin d’aller visiter la cité fortifiée de Kuelap. Perchée à 3’000 mètres d’altitude, la citadelle de Kuelap fut construite par les indiens Chachapoya entre 500 et 800 après JC, soit 600 à 900 ans avant le Machu Picchu, bâti lui par les Incas.
Environ 708’000 m3 de pierres ont été utilisés pour construite l’enceinte de Kuelap, soit 3 fois le volume de la Pyramide de Khéops en Egypte. Ces murs peuvent atteindre 20 mètres de haut mais ils n’ont pas été construits directement à cette hauteur. C’est la superposition de «couches de vie» qui leur donne leur taille actuelle. En effet, comme souvent dans les civilisations pré-incas, le peuple Chachapoya ensevelissait la maison lors de la mort du chef de famille et reconstruisaient à nouveau par-dessus. La plupart des maisons sont rondes, ce qui est unique à la culture Chachapoya. Les maisons des personnes plus importantes étaient décorées avec des frises en forme de losange ou en zig zag pour représenter les divinités des Chachapoya : félin, serpent ou condor.
Kuelap a été nommée Patrimoine culturel de la Nation et est considéré comme le Machu Picchu du Nord. En 2008, elle a été reconnue comme étant l’une des sept Merveilles du Pérou. Une visite très intéressante dans un endroit mystique qui est pour l’instant épargné par les hordes de touristes.

On fait de nouveau une mini étape le long du Rio Utcubamba, avec un arrêt juste après le village de Dos de Mayo afin d’aller visiter le musée de Leymebamba qui est dédié à la culture Chachapoya. Outre divers objets et autres éléments de décoration, le musée abrite une impressionnante collection de momies. Quand on pense momies, on pense forcement Égypte ! Mais les Chachapoyas ont aussi une manière bien à eux de conserver leurs défunts. Le corps est d’abord vidé de ses organes afin de prévenir le pourrissement. Puis on rebouche les orifices avec du coton. Après une période de séchage, on place le corps en position fœtale. Finalement on l’entoure de linges avant de placer le tout dans un linceul de coton décoré de différents motifs. Cette technique permet aux momies de défier les siècles et de nous parvenir avec des cheveux et des dents en bon état.
Imaginez donc, 600 ans et toutes leurs dents ! Bien que la majorité des corps soit conservés dans leur linceul, les quelques momies visibles suffisent à faire froid dans le dos…
Une visite un peu particulière et lugubre, mais un musée très intéressant afin d’en apprendre davantage sur la culture et la civilisation Chachapoya.
En plus ce soir on dors juste en face du musée, en espérant que les momies ne viennent pas déranger notre sommeil…

Aujourd’hui nous empruntons la route 8B afin de rejoindre la ville de Celendin. Les quelques 145 kilomètres de cet itinéraire sont une vraie aventure au travers des paysages magnifiques des montagnes andines. L’ensemble du parcours se fait sur une route très étroite et au revêtement aléatoire, parsemé de nombreux nids de poule. Il faut anticiper le trafic venant en sens inverse car les croisements sont périlleux, surtout dans les nombreuses zones bordées de ravins vertigineux et non sécurisés.
Depuis Leymebamba situé à 2’400 mètres, nous montons rapidement jusqu’au col de Calla Calla à 3’600 mètres d’altitude, avant d’entamer une longue descente qui nous amène dans la vallée du Rio Marañón, à l’altitude de 800 mètres. En exactement 60 kilomètres, nous passons également de 11 degrés au sommet du col, à 36 degrés au fond de la vallée.
Pour la leçon de géographie, le Rio Marañón est une rivière péruvienne qui rejoint le río Ucayali à l’extrême ouest du Pérou, et la confluence des deux donne naissance au fleuve Amazone.
Après avoir traversé la rivière, la route grimpe à nouveau jusqu’à l’altitude de 3’000 mètres, avant de plonger sur la petite ville de Celendín, à 2’650 mètres d’altitude.

Avec sa Plaza de Armas où la couleur bleue domine, Celendin est une ville typique des montagnes andines. Nous faisons un tour au marché où l’on peut voir de magnifiques étalages de fruits et légumes. Nous sommes probablement les seuls touristes et nous ne passons pas inaperçus au milieu des indigènes portant le chapeau traditionnel de la région.

Une centaine de kilomètres d’une route sinueuse et parfaite nous mène jusqu’à la ville de Cajamarca où nous restons pour 2 nuits. La ville est un important centre culturel et commercial des Andes du Nord, et son industrie la plus renommée est celle des produits laitiers. Cajamarca est située sur les hauts plateaux du nord du Pérou, à environ 2 750 m d'altitude.
C’est ici qu’à eu lieu la bataille de Cajamarca qui a marqué la défaite de l'empire Inca, vaincu par les envahisseurs espagnols. L’empereur Inca Atahualpa, ayant constaté que les Espagnols étaient très attirés par l'or, proposa à Francisco Pizarro de remplir une pièce d'objets en or et en argent en échange de sa libération. Atahualpa tint sa parole mais Pizarro refusa de libérer l'empereur Atahualpa qui fut assassiné.
Nous passons une belle journée à flâner autour de la Plaza de Armas et dans les rues colorées de cette belle ville, au contact d’une population au caractère fier, typique des gens de la montagne.

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